Mon cher lecteur,
Selon, Emmanuel Macron, Jair Bolsonaro, président du Brésil, nous pompe l’air. Littéralement.
75 000 départs de feu dans la forêt amazonienne … une hausse de 84% depuis l’année dernière… la faute au méchant Jair Bolsonaro qui incite à la déforestation.
C’est ce que nous servent les médias ad nauseam avec l’aide appuyée de Monsieur Macron.
Tout ceci est une bonne grosse fake news de la pire espèce : le détournement d’un problème réel à des fins de propagande.
Il s’agit tout d’abord de noter que chaque année, l’Amazonie brûle à cette période. La grande forêt boréale canadienne brûle, les forêts méditerranéennes brûlent, les africaines également et c’est comme cela tout autour du monde. Sans doute brulaient-elles déjà avant que nous apparaissions à la surface de la terre.
Le feu est la méthode naturelle de régénération des grandes forêts et fait partie intégrante du cycle naturel de ces écosystèmes complexes et bien plus vieux que l’humanité : ils étaient-là avant nous et le seront après à mon avis.
La question devient tout d’un coup plus complexe : les feux en Amazonie que nous semblons découvrir subitement font-ils partie intégrante du processus de régénération ou bien ont-ils dégénéré à cause des déboisements humains ?
Pourquoi les 70 000 départs de 2016 n’ont-ils excités l’attention de personne ?
Depuis 20 ans que l’INPE compte le nombre de départs de feu au Brésil, la corrélation entre la déforestation et les feux est très faible. Elle est de l’ordre de 13,5%. Dans cette configuration statistique il faudrait au moins 40% pour espérer esquisser une relation de cause à effet. Et sachant que corrélation n’est pas cause, l’histoire est belle et plausible mais FAUSSE : il est impossible de mettre les incendies actuels sur le dos de la déforestation et encore moins sur ceux du président Bolsonaro.
Aussi, lorsqu’Emmanuel Macron trouve que le Brésil devrait se trouver un président à la hauteur, c’est n’importe quoi, il est impossible de lier les feux à l’action de Bolsonaro, aussi populiste et méchant soit-il : c’est une fausse nouvelle, scientifiquement démontrée, par votre serviteur et ses bons restes en analyse statistique.
Et lorsqu’Emmanuel Macron veut reboiser les zones brulées d’Amazonie, c’est encore du grand n’importe quoi : non seulement, le remède serait pire que le mal, mais surtout, replanter une forêt primaire c’est stupide. Le principe d’une forêt primaire est justement que nous n’y touchons pas.
Il y a donc de la grosse récupération pour parler d’un problème réel : la déforestation.
Depuis les années 1970, la forêt amazonienne a perdu 20% de sa surface.
Heureusement, le rythme effrayant de la déforestation s’est effondré depuis 2004 et ces dernières années, ce ne sont plus « que » 0,2% de la forêt qui sont défrichés chaque année.
Cela reste une mort à petit feu.
Ces terres prises sur la forêt servent un objectif unique : faire du Brésil le 1er grenier du monde.
En l’espace de 20 ans, le Brésil est devenu le 1er exportateur mondial de bœuf, de volaille, de soja… Tout cela s’est fait sur le dos de la forêt amazonienne et quel que soit le parti au pouvoir.
Aussi, plutôt que de faire de l’ingérence au Brésil, nous ferions mieux d’arrêter d’importer des produits Brésiliens liés à la déforestation.
Par exemple les 60% des importations de soja en France qui viennent du Brésil.
Mais ce n’est pas si simple : car si nous fermons à nos éleveurs l’accès à cette nourriture bon marché, comment feront-ils pour rester compétitifs face aux éleveurs brésiliens justement, dont les coûts sont 30% moins élevés qu’en France ?
Nous pourrions opérer une montée en gamme comme l’élevage japonais de haute qualité mais il faudrait pour cela que Bruxelles nous laisse développer la filière plutôt que de l’ouvrir aux 4 vents de manière stupide (il n’y a pas d’autre mot)… tiens en voulant signer des traités de libre-échange avec l’Amérique du Sud par exemple.
Nous ferions mieux de mettre notre veto au traité de libre-échange avec le Mercosur que Monsieur Macron avait abandonné jusqu’à la semaine dernière… Mais pour combien te temps encore tant il est impuissant à Bruxelles.
Nous ferions mieux de nous occuper de nos arbres à nous, de nos forêts méditerranéennes que nous avons détraquées, replanter le million d’hectares de forêts disparues ces 15 dernières années en France.
Tout cela demanderait du courage, de la sueur et des sacrifices.
Il est tellement plus simple d’organiser un G7, de s’indigner, d’écrire des tweets ravageurs et des discours incompréhensibles.
Vraiment, nous n’avons aucune leçon à donner au Brésil.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle