Mon cher lecteur,
À votre bonne fortune.
Commençons aujourd’hui par la fin puisque tout est sens dessus dessous : la fin d’année est devenue cette nuit la nouvelle.
À votre bonne fortune, je finis d’ordinaire mes lettres par cet envoi et ce n’est pas anodin.
La fortune a souri à ceux qui ont fait fortune : Voilà un mot qui signifie à la fois hasard et richesse.
Dans un monde qui n’aime rien mieux que s’attribuer les mérites du hasard, il est bon de nous rappeler parfois l’arbitraire de la vie.
La fortune sait aussi être mauvaise. Les marins craignent la fortune de mer qui signifie tout aussi bien une tempête qu’un naufrage ou une attaque de pirates.
Contre cette mauvaise fortune, il faut faire bon cœur.
Cœur… La fortune que craint le marin est bonne pour le séducteur dont les amours sont autant de bonnes fortunes.
Hasard, richesse, bonheur et malheur : voilà tout ce que porte en elle la fortune.
Tous ces mots sont si proches qu’ils se mêlent dans celui de fortune.
Nous savons bien qu’un malheur peut cacher un bonheur plus grand et inversement, que la richesse, au moins sémantiquement, est plus proche du hasard que du mérite et que nous devons nous incliner devant cette grande force tellurique qu’est Fortuna, déesse primitive et facétieuse.
Oh, je ne suis pas fataliste. Simplement :
« Il faut se soumettre à la nature pour lui commander ».
La fortune, mon cher lecteur, ne s’affronte pas en combat singulier, mais selon l’expression consacrée, on lui agrippe les cheveux pour mieux se faire transporter par elle.
Alors, je vous souhaite les mains pleines.
Les mains pleines des cheveux de la Fortune.
Guy de La Fortelle
PS : Ma façon d’agripper les cheveux de la fortune commence ici.