« La richesse est comme un tas de fumier… »
C’est le début d’une maxime rapportée par Francis Bacon, philosophe, scientifique et homme politique anglais de la fin du XVIe siècle.
Bacon est pour les Anglais aussi important que Descartes en France.
Il a jeté les fondations politiques et morales d’un des plus grands empires que le monde ait porté — et cette maxime fait partie des fondations.
La richesse donc est comme le fumier… Prenez un instant pour compléter cette maxime.
C’est une manière plus savoureuse — plus audacieuse aussi et puissante — de dire qu’il ne faut pas mettre tous vos oeufs dans le même panier.
En langage fatigué de banquier on dit : diversifiez.
Cette maxime est issue d’un essai : « Des révoltes et agitations ».
Il y montre comment un domaine, aussi riche soit-il, succombera sous son propre poids à moins de respecter cette règle paysanne :
La richesse est comme le fumier, elle pue quand on l’entasse mais porte de nombreux fruits quand on la répand.
Cela vaut pour un État, un domaine, une entreprise, un foyer…
Il ne s’agit pas, bien sûr, de se disperser sans discernement.
Il ne s’agit pas, non plus, venant de la libérale Angleterre, de confisquer la richesse des autres pour la distribuer mais de gérer et faire fructifier la sienne.
Une sagesse oubliée
Il y a derrière cette maxime une leçon d’humilité dont il nous faudrait bien prendre de la graine :
Car qui sait de quoi demain sera fait ? Qui peut prévoir comment le monde se portera dans 10 ans… Ou simplement dans 3 ?
Nous avons la méchante habitude de penser que le présent est indépassable.
La Gaule romaine de la fin du IVe siècle était prospère, les maisons et les étables étaient de pierre, la population habitait en ville et tous les garçons apprenaient à lire, écrire et compter… Moins de 80 ans plus tard, avec la chute de l’Empire Romain, les citadins avaient largement fui vers les campagnes les plus reculées, les maisons étaient de bois et les chefs barbares qui avaient remplacés les Romains, analphabètes, signaient les traités d’une croix.
Des événements si brutaux sont bien sûrs rares à l’échelle d’une civilisation mais depuis é siècles, la France a connu 2 révolutions, 1 restauration, 2 empires, 2 guerres mondiales…
Le mythe de la fin de l’histoire
Nous vivons pourtant en occident comme si nous étions encore à l’heure de la fin de l’histoire.
L’idée a pu être caressée dans les années 1990 après la chute de l’Union Soviétique.
Des penseurs à la vue courte ont pu prétendre brièvement que l’avènement de la démocratie libérale était l’horizon indépassable de l’humanité, que l’Union Européenne serait le mode de gouvernement ultime de la vieille Europe, que les États-Unis seraient les leaders du monde libre pour les siècles des siècles… Amen.
Mais 25 ans plus tard, l’Europe est dans l’impasse, l’Amérique en crise profonde, seule 40% de la population mondiale vit en régime à peu près démocratique et surtout, la Russie et la Chine ont développé des modèles qui remettent sérieusement en cause l’hégémonie américaine, tant économique que militaire et financière.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Nous vivons une époque gonflée d’orgueil.
Qui avait ne serait-ce qu’envisagé le Brexit, la victoire de Donald Trump, d’une coalition populiste en Italie…
Qui aurait parié la faillite de Kodak, une des entreprises les plus innovantes au monde, l’inventeur même de l’appareil photo numérique qui lui aura été fatal.
La chute de Yahoo n’a pas été tellement moins brutale.
En France, le groupe Altice, propriétaire de SFR, Numéricable et BFM (entre autres) est passé de chouchoute des analystes à persona non grata en quelques jours à peine, faisant perdre plus du tiers de leur placement à ses actionnaires.
Trop gros pour réussir
Depuis le début de l’année, les gains du S&P500 proviennent exclusivement des « FAANG » : Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google.
Seules 5 entreprises portent les gains d’un indice qui comprend les 500 plus grosses capitalisations de tous les États-Unis !
Et ces entreprises proviennent toutes du même secteur.
Une entreprise comme Amazon pèse tant en bourse qu’il faudrait que le groupe de Jeff Bezos s’empare de 25% du marché américain de la distribution dans les 10 prochaines années pour justifier un tel cours de bourse : Amazon pèse aujourd’hui 4% de la distribution américaine. L’investisseur légendeur Sam Zell, qui a fait ce calcul simple, n’y croit pas une seconde.
Il est presqu’impossible qu’ils y arrivent dans un système concurrentiel. Et quand bien même ils y arrivaient en tuant toute concurrence, une telle domination serait soviétique.
Et Facebook…Voilà une société qui fait perdre 3 heures par jour à ses utilisateurs tout en gagnant son beurre en les espionnant et dispersant des informations confidentielles aux 4 vents : et l’on s’étonne qu’ils perdent 119 milliards de dollars en une séance ?
Pourtant si vous avez une assurance vie, il est presque sûr que vous possédez des actions de ces groupes.
Et l’on vous dit même que votre assurance vie est diversifiée…
Mais :
- Avez-vous 3 à 10% d’or physique comme assurance ultime contre un effondrement : espérer le meilleur n’a jamais empêché de prévoir le pire ;
- Imaginez-vous qu’Harry Markowitz, l’inventeur de la gestion moderne de portefeuille recommande d’avoir 2 à 3% de cryptomonnaies dans votre portefeuille… Justement pour diversifier et limiter vos risques ;
- Détenez-vous des devises étrangères pour réellement vous assurer contre une crise de l’Euro (il existe aujourd’hui des moyen faciles pour acheter des monnaies avec un téléphone et 10 minutes devant soi) ;
- Savez-vous que vous pouvez facilement investir dans des têtes de bétail avec un rendement de 4 à 5% par an en les louant à un éleveur ;
- Que vous pouvez investir directement dans des PME françaises à forte croissance sans passer par les banques avec des rendements de 5 à 10% et un risque limité ?
C’est cela répandre les richesses comme un fumier fertile.
Il y a une autre vertu à agir selon cette maxime, peut-être plus importante encore. Mais cette lettre est déjà trop longue et ce sera l’objet de ma lettre de demain.
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À demain,
L’investisseur sans costume.
PS : Dans ce même essai « Des révoltes et agitations », Francis Bacon compare les hommes aux océans dont les tempêtes sont les plus fortes aux équinoxes (date à laquelle le jour et la nuit sont de même durée) : les États connaissent leurs plus grandes tempêtes quand les peuples se nivellent et se mettent à croître d’égalité.
les États connaissent leurs plus grandes tempêtes quand les peuples se nivellent et se mettent à croître d’égalité.
Que veut dire cette phrase ? Je ne suis ni économiste, ni intellectuel et je ne comprends donc pas cette phrase. Merci
Les gilets jaunes sont l’écume des vagues, l’état, qui est d’après nietzsche
l’enemi du peuple, fabrique de façon industrielle des gilets jaunes, et là, il ne sera plus question d’écume mais de déferlante…. en pleine tempête, pensez au million et demi de chômeur fabriqué
pour la rentrée…. Ceci n’est que le début de la réflexion… À vous de compléter !