Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
La guerre pour Twitter est très loin d’être finie quoi qu’on en dise.
Et ce n’est pas le combat pour la liberté d’expression qui importe le plus mais la fissure apparue sur le front des élites américaines.
Tout d’abord, une offre d’achat hostile d’un groupe de 40 milliards aussi stratégique que Twitter ne se règle pas en 10 jours, il faut bien plus pour apaiser les appétits et passions qu’entraîne ce genre d’opération.
Et si le conseil d’administration a dit oui par-devant, la guerre par-derrière est sanglante.
Cette guerre nous est révélée par une anomalie : Alors que l’offre de Musk a été acceptée par Twitter ; que son montage financier est au cordeau le cours de Bourse à 49 $ reste plus de 10 % en dessous de l’offre de Musk à 54,20 $.
Cela signifie que les grands investisseurs ont des raisons de penser que l’offre n’ira pas au bout sans quoi le cours rattraperait l’offre de Musk : Pourquoi se priver d’acheter une action 49 $ quand on sait qu’elle nous sera rachetée 54,20 dans quelques mois ?
Pour comprendre ce qu’il se passe, il faut aller voir du côté de Tesla.
Car si Twitter ne monte pas, Tesla s’effondre et perd 14 % depuis que Twitter a accepté l’offre de Musk.
Si Musk est l’homme le plus riche du monde, il ne peut en disposer à sa guise : la fortune de Musk est presque exclusivement constituée d’actions Tesla et SpaceX ;Surtout Tesla qui au plus haut pesait 200 milliards dans la fortune de Musk contre 50 pour SpaceX.
Pour racheter Twitter, Elon Musk a prévu de dépenser directement 21 milliards plus 25,5 milliards à crédit.
Et pour cela, il a doublement besoin de Tesla : Il doit vendre des actions Tesla pour dégager les 21 milliards de liquidités et il a besoin de ses actions Tesla en collatéral de 12,5 milliards des 25,5 auquel il souscrit.
Et c’est là que le bât blesse : Musk utilise ses actions Tesla comme vous pourriez hypothéquer une maison à la différence qu’une action fluctue beaucoup plus vite et fort qu’une maison.
Pour se couvrir de ces fluctuations, les banques prévoient des appels de marge pour le cas où l’action baisse trop. Cela signifie que si l’action Tesla baisse trop, Musk devra payer davantage voire rembourser son crédit en urgence.
Pour être précis, Musk doit mettre la main au portefeuille si le cours de Tesla tombe au-dessous de 740 $ et doit rembourser l’intégralité des 12,5 milliards de prêts sur marge si le cours baisse de 40 % soit environ 600 $.
Et si le cours de Tesla baisse trop vite, cela signifie également qu’il devra vendre davantage d’actions Tesla pour financer ses 21 milliards d’apport en cash.
En cas de sortie de route de Tesla, cela pourrait vite devenir un enfer.
Normalement, pas de problème, les résultats du constructeur automobile sont stratosphériques : 81 % de chiffre d’affaires en plus au premier trimestre, bénéfice multiplié par 7 à 3,3 milliards de dollars et tout cela alors que le marché mondial est morose.
Aussi, la vente de 8 milliards $ d’actions jusqu’à présent par Musk pour financer l’acquisition de Twitter ne justifie pas de perdre plus 100 milliards de capitalisation en une journée : Au contraire, le succès de Tesla est en partie lié à l’influence de son PDG ; l’acquisition de Twitter par Musk sert tesla sur le long terme.
Tesla a été sévèrement attaqué en Bourse et nous n’en sommes probablement qu’au début.
Nous savons que cette attaque est en partie menée par Bill Gates dont Elon Musk a dévoilé la position baissière de 500 millions mais au-dessus de Gates, il y a probablement Vanguard qui a déjà manœuvré pour protéger Twitter du coup d’Elon Musk en poussant le cours à la hausse il y a quelques semaines.
Je vous avais dit que c’était une nouveauté de cette affaire : Vanguard n’agit pas ainsi habituellement tout simplement car ils n’en ont pas eu les moyens pendant très longtemps en tant qu’investisseur exclusivement passif. Cela fait plusieurs années qu’ils corrigent cela et disposent désormais de plus de 1 000 milliards en gestion active qu’ils peuvent mobiliser à leur gré et dont ils font beaucoup de publicité. Attention on arrive dans la cour des prédateurs, nous disent-ils depuis un moment déjà.
Entre Musk et Vanguard & Cie, la bataille va être rude et passionnante et à mon avis, Vanguard vient de faire sa première faute.
Ils ont choisi le bâton plutôt que la carotte.
Ils auraient pu en effet pousser le cours de Twitter à la hausse, au-dessus de l’offre de Musk pour l’obliger à lâcher prise. Mais en faisant cela, ils auraient considérablement enrichi Elon Musk déjà détenteur de plus de 9 % de Twitter qui ne serait pas sorti perdant de cette opération qui lui aurait rapporté quelques milliards en plus de 7 millions de nouveaux followers sur Twitter qu’il a acquis en quelques jours.
Vanguard a préféré châtier Musk sur Tesla et cela est très dangereux.
C’est très dangereux car Musk est un grand habitué de ces opérations et qu’il pourrait bien en sortir doublement vainqueur.
En effet, Musk pourrait tout à fait accepter que Tesla perde la moitié de sa valorisation ou plus, perdre sa place d’homme le plus riche du monde dont l’ingénieur qu’il est doit bien se moquer et tenir bon alors même que des géants comme Vanguard commenceraient à être inquiétés par la fragilité actuelle des marchés qui sont déjà au bord de la crise de nerfs.
Le Darwiinisme s’applique aussi aux marché : Ce n’est pas le plus gros qui survit, c’est le plus adaptable et les dinosaures que sont devenus BlackRock, Vanguard et StateStreet manœuvrent aussi bien que le Titanic devant un iceberg ;
Et si Musk finissait par mettre la main sur Twitter, il pourrait alors faire le chemin retour, c’est-à-dire racheter ses actions Tesla au plus bas en donnant ses actions Twitter en collatéral.
N’oubliez pas, cerise sur le gâteau, que Musk sait très bien manipuler ses 90 millions d’audience sur Twitter pour influencer sur les cours de Bourse autant que sur l’opinion publique et il ne se privera pas de le faire.
Je n’ai bien sûr pas de boule de cristal mais la bataille va être rude et passionnante et je maintiens mon conseil de la semaine dernière.
Et dernière chose pour nous pauvres européens : N’attendons pas l’issue de cette bataille pour nous occuper de notre liberté d’expression et plus largement de notre souveraineté.
Je vous rappelle que, Musk ou pas, l’Europe est en train d’être sacrifiée par les Américains à l’autel de la grande confrontation avec le Chine.
La clique de Bruxelles et de Macron qui persiste à rester dans la roue américaine commet une double faute : Non seulement, ils nous envoient à l’abattoir mais ils ne se rendent même pas compte que nous serions peut-être bien de taille à résister, notamment car nous nous apercevons avec cette affaire que le front américain n’est pas uni que l’on croit.
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À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
Je m’appelle Guy de La Fortelle et je rédige le service d’information GRATUIT et INDÉPENDANT : L’Investisseur sans Costume.
À partir d’aujourd’hui, je vais vous dire tous les secrets de l’économie et de la finance que les médias grands publics « oublient ».
J’ai écrit un article complet sur La Guerre pour Twitter ne fait que commencer : Les élites US se fissurent
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Guy de La Fortelle