Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
Le problème de la fiction est qu’elle finit par produire l’inverse de ce qu’elle prétend à force de refuser de se réconcilier avec le réel.
Comme toute chose, ce n’est pas la fiction qui est mauvaise, mais son excès.
La belle histoire de la protection des acquis sociaux défendue par les syndicats, en l’occurrence de la SNCF, est en train de broyer agents et cheminots.
Il suffit de regarder une feuille de paie de la SNCF pour nous en rendre compte.
Il y a quelques jours, un syndicaliste de la SNCF a publié une feuille de paie de cheminot pour dénoncer leur traitement et justifier la grève actuelle (grève très bizarre et dont nous pouvons douter des objectifs réels alors que les négociations ont abouti avant même qu’elle ne débute…).
Notre représentant de SUD-Rail n’a aucun complexe à prétendre que la SNCF paierait ses agents à temps plein en-dessous du SMIC, ce qui est évidemment faux : il se trompe simplement de ligne et confond le salaire de 1743€ (un maigre 4% au-dessus du SMIC) avec le traitement. Cela commence mal.
Cela dit, on peut comprendre qu’avec 11 ans d’ancienneté un agent grogne d’être bloqué 4% au-dessus du SMIC.
Le problème n’est pas là. Cette feuille nous révèle quelque chose de bien plus étonnant : Les charges patronales dépassent les 900€ (1033,88€ – 135,99€ d’allègements).
Depuis la hausse du mois de mai (la feuille date de juillet), les charges patronales pour les bas salaires sont fixées à 7%. Elles devraient donc être de ±120€… Pas 900.
Cette différence est monumentale et les 2 777,38€ que débourse la SNCF pour son agent devraient correspondre à un salaire brut de 2 225€, pas 1743€.
Une petite partie de cette surcharge va au CSE et aux différents avantages en nature qu’offre l’entreprise mais c’est la goutte d’eau… L’essentiel tient au régime spécial de la SNCF et en particulier 635€ de retraite.
Ce fameux regime spécial pour lequel les syndicats se battent corps et âme réduit de près de 500€ la paie d’un agent.
Et encore cette contribution n’est-elle que minoritaire : l’État finance 60% du régime et sert des niveaux de retraites dont l’agent en question ne verra jamais la couleur, quand il arrivera à la retraite on aura sans doute fini d’aligner le régime spécial sur le régime général.
Source : chiffres-clés CPRP 2021
Pour nous rendre compte à quel point ces sommes sont astronomiques, il faut nous rendre dans la comptabilité hors-bilan de l’État.
Fin 2020, le besoin de financement du régime spécial de la SNCF était estimé à 250 milliards d’euros (soit la moitié de tous les régimes spéciaux français). Notez que la RATP mérite d’être mise dans le même panier de gestion paritaire catastrophique.
À titre de comparaison, quand l’État a repris la dette de la SNCF (qui était aussi hors-bilan jusqu’alors), il n’a déboursé « que » 40 milliards.
La SNCF était déjà mal gérée, sacrifiée elle-aussi à l’autel de la religion européenne, mais le régime de retraite de la société est encore pire et pas de peu, d’un facteur 6.
250 milliards de besoins de financement pour 250 000 retraités et 125 000 actifs correspondent à plus de 650 000€ par cheminot. Attention, je ne suis pas en train de dire qu’ils vont tous toucher ces sommes car nulle doute qu’il y a gabegies et fortes disparités à l’intérieur du régime notamment dans le temps car si les pensions de 2021 sont de 29 600€ en moyenne, elles vont décliner dans le temps suite à la réforme pour —en gros— rejoindre celle des fonctionnaires de 15% inférieure.
C’est ainsi que l’on se retrouve avec une société qui paie un salaire chargé de 2777€ qu’elle doit juger pour le moins raisonnable mais que l’agent, qui ne touche que 1456€ net trouve, lui, fort déraisonnable.
Le problème se trouve au milieu, au niveau du régime spécial, la CPRP — Caisse de Prévoyance et de Retraite du Personnel.
C’est bien sûr un organisme paritaire et les syndicats portent la responsabilité de cette gestion obscène avec les hauts fonctionnaires qui pensent que tout est gratuit quand c’est l’État qui paie.
Pendant des décennies, les syndicats ont refusé de toucher à leur régime spécial, ils ont ensuite refusé que les réforme s’appliquent à eux-mêmes sacrifiant les suivant bien volontier. Car ces faramineux besoins de financement prennent déjà en compte toutes les réformes passées.
Le problème aujourd’hui se loge au niveau des structures.
Il faudrait mettre en faillite la CPRP, appurer les comptes, tout mettre sur la table, virer les responsables, syndicats et hauts fonctionnaires solidaires de cette gabegie. Sans doute en y regardant de plus près nous trouverions des irrégularités comptables… Sans doute pas des moindres. Sans doute les retraites les plus généreuses se trouveraient modérées mais quitte à ce que ce soit le contribubale qui paie, nous pourrions au moins mettre notre nez dedans.
Bien sûr il faudrait également mettre un terme aux folies européennes d’ouverture à la concurrence qui fragilisent la SNCF sans apporter vraiment de valeur aux passagers et usagers.
À défaut, nous nous retrouvons avec des syndicats solidaires des hauts-fonctionnaires avec qui ils partagent la responsabilité de cette déroute plutôt que des cheminots et agents qu’ils devraient servir.
Cette tache empêche les syndicats de fonctionner correctement.
Je sais bien que certains d’entre vous me reprocheront un anti-syndicalisme primaire. Je ne fais que dénoncer un syndicalisme devenu radicalement dysfonctionnel, clientéliste et corrompu qui empêche un bon syndicalisme d’émerger.
La France est un des pays d’Europe où l’on s’appauvrit le plus vite avec la poussée inflationniste actuelle, non pas à cause de l’inflation mais des salaires qui ne suivent pas à la différence de l’Allemagne, l’Italie, la Belgique ou le Royaume-Uni.
Que font les syndicats ? Ils ont trahi et cela se voit jusque sur la feuille de paie d’un cheminot.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
Je m’appelle Guy de La Fortelle et je rédige le service d’information GRATUIT et INDÉPENDANT : L’Investisseur sans Costume.
À partir d’aujourd’hui, je vais vous dire tous les secrets de l’économie et de la finance que les médias grands publics « oublient ».
J’ai écrit un article complet sur Le vilain secret à 250 milliards de la SNCF
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À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle