Mon cher lecteur, attention derrière vous !
Et paf, revoilà l’arlésienne : 2 ans qu’on l’avait oubliée.
Nous voici revenus au point de départ, un peu plus abîmés, pas plus avancés.
Sous couvert de maintenir le cap, « d’aller beaucoup plus loin » et de « répondre au sentiment d’urgence des Français », nous voilà revenus à la bonne vieille problématique du travail.
Sous Sarkozy, nous devions travailler plus pour gagner plus, Hollande avait décidé d’inverser la courbe du chômage avant cela on avait déjà eu le gâteau des 35 heures et dès 1993, Philippe Séguin savait poser cette question si simple et à laquelle nous n’avons toujours pas répondu :
« La théorie libérale ne nous compare pas les bénéfices passionnants qu’il y aurait à acheter un magnétoscope 10 % moins cher avec la somme du coût social du chômage, de la révolte ethnique en Europe de l’Est, de la régression en terre d’Islam, des menaces de déséquilibre et donc de guerres. [1]»
Désormais, il s’agit de : Travailler plus pour payer autant d’impôts mais que ça ait l’air de faire moins.
Le plein-emploi est désormais prévu pour 2025 grâce aux mêmes recettes qui échouent avec une régularité de métronome. C’est officiel, la politique de Monsieur Macron est revenue à la tambouille habituelle, direction droit dans le mur sans airbag mais fracas.
Ce n’est pas pour rien qu’on en revient toujours au travail, c’est bien là qu’est la clé, celle de la dignité autant que l’équilibre des comptes et de la paix sociale : notre État providence ne peut s’équilibrer qu’avec le plein-emploi. On le sait depuis 1944 et le second rapport Beveridge (le premier avait institué le principe d’État providence au Royaume-Uni).
Tenez, prenez un pays très riche comme la Suisse.
Les Suisses sont riches. Très riches.
Et il y a une raison.
Une ÉNORME raison à cette richesse.
Ce ne sont pas leurs banques, ni le souvenir du secret bancaire ou leur monnaie, c’est beaucoup plus simple :
Les Suisses travaillent beaucoup plus que nous.
Mais quand je dis beaucoup, c’est ÉNORMÉMENT plus que nous.
Un Suisse travaille littéralement 2 fois plus qu’un Français.
2,03 fois pour être précis même si une telle précision n’a pas beaucoup de sens.
Et il y a une raison majeure : la part de la population employée en Suisse est de 58% contre 42% en France .
C’est-à-dire qu’il y a 6 personnes qui travaillent en Suisse pour en faire vivre 10 alors qu’en France ce sont 4 personnes qui doivent trimer pour en faire vivre 10.
Ajoutez à cela 42h de travail hebdomadaire contre 35, 4 semaines de congés contre 5, une arrivée sur le marché du travail 2 ans plus tôt et un départ 3 ans plus tard et vous arrivez à un nombre d’heures travaillées par habitant deux fois plus élevé en Suisse qu’en France.
Vous allez me dire que nous avons déjà 2,5 millions de chômeurs dont on a du mal à croire qu’ils vont tous retrouver un emploi d’ici 2025…
Comment donc voulez-vous que nous trouvions 10 millions de nouveaux emplois en France pour faire passer la population active occupée à 60% ?
AU fond, ce n’est pas le travail qui manque : prenez tout ce qui ne va pas dans votre famille, quartier, ville, région, pays… Et vous essayez de le faire aller un peu mieux, chacun à sa mesure.
Vu comme ça, je peux vous garantir qu’il y a du travail pour 10 millions de personnes en plus.
Le problème ce n’est pas le travail c’est l’organisation.
C’est ce que les Suisses ont bien compris.
Ils laissent faire : le marché du travail est très flexible. À part dans quelques domaines bien précis, l’économie intérieure de la Suisse est libre. En tout cas bien plus qu’en France. C’est la comparaison qui compte.
Mais ce n’est pas tout, les Suisses garantissent la dignité de chaque travail, notamment en empêchant le dumping de l’importation.
Les Suisses laissent libre le travail et protégée leur économie. Ils protègent le tissu de leurs PME et industries.
En faisant ainsi vous vous retrouvez avec des employés de supermarché qui vivent deux fois mieux qu’en France . Et c’est vrai pour toute l’économie : la Suisse est le pays de l’OCDE qui la plus faible écart de salaires. Et ce ne sont pas les patrons qui sont moins payés, ce sont les employés qui le sont mieux… Et sans salaire minimum .
Ce n’est pas une idéologie mais un constat.
Il se trouve qu’en France nous faisons tout le contraire.
Nous ouvrons les portes que nous devrions fermer et fermons celles qu’il conviendrait de laisser ouvertes.
Nous surprotégeons les emplois, nous rigidifions à outrance le marché du travail mais laissons ouverte aux quatre vents notre économie qui s’y érode et se détruit.
Vous voulez inverser la vapeur, voilà ce qu’il faut faire et je peux vous garantir que cela apportera le travail et la prospérité :
- Libérer le marché du travail et l’économie
- Protéger notre économie là où elle en a besoin (et seulement là où elle en a besoin) —notamment afin de reconstruire notre tissu industriel.
Malheureusement en France pour une raison que j’ignore, il y aurait des libéraux qui voudraient tout libéraliser et des souverainistes qui voudraient tout contrôler. Mais être libéral à l’intérieur et protecteur à l’extérieur … Cela n’existe pas dans l’offre politique.
Et nous nous retrouvons pris dans un petit jeu de la barbichette avec d’un côté, une élite mondialiste qui refuse de voir les frontières jouer leur rôle de régulateur contre un peuple qui refuse de se faire spolier de des acquis sociaux qu’il ne peut plus se payer depuis longtemps.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
Note :
[1] Discours de Philippe Séguin sur le travail : http://discours.vie-publique.fr/notices/933189500.html