Ceci n’est pas un trou.

29 09 2018
Partager l'article

Je visitais hier soir le manoir de Charlie Chaplin à Vevey en Suisse (allez-y si vous avez l’occasion, c’est remarquable).
Il y a dans ce manoir une salle de bain avec un immense miroir, ou plutôt un FAUX miroir qui ne renvoie pas votre reflet. Ce n’est qu’un verre fumé derrière lequel les concepteurs se sont amusés à recréer la pièce à l’identique. L’effet est bluffant. On se prend pour un vampire qui se recoiffe (c’est bien connu, les vampires ne se reflètent pas dans les miroirs).
Légende — Le faux miroir du musée Chaplin : le photographe ne se reflète pas dans le miroir à côté de la statue de cire d’Albert Einstein (grand ami de Chaplin).
Le créateur du musée m’a avoué que 2 personnes sur 3 passent dans cette pièce sans se rendre compte que quelque chose cloche, sans voir son « gag ».
En va-t-il différemment pour les choses de ce monde, grandes ou petites ?
Tenez, je n’ai réalisé qu’hier cet éléphant dans la pièce : Le Figaro n’est pas un journal mais un organe d’expression artistique d’avant garde — façon Goebbels.
Voici ce que le site a osé placer en une de son site une bonne partie de la journée d’hier [1] :
En 2019, le trou de la Sécurité sociale aura disparu ?!
Voilà :
Et ceci n’est pas un trou :
Légende — Ceci n’est pas un trou : deficits annuels de la Sécu depuis 1998
La journaliste économique qui a commis cet article a confondu la dette et le deficit (la nouvelle dette ajoutée dans l’année).
Elle s’est dit le plus sérieusement du monde que puisque l’on allait s’arrêter de creuser, il n’y avait plus de trou.
Elle a fait sienne la devise Shadock bien connue : s’il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème.
Le rédacteur en chef qui a relu l’article s’est dit la même chose. Ceux qui n’ont vu que le titre n’ont pas pensé différemment.
Nous parlons tout de même de la dette sociale, le trou de la sécu, ce serpent de mer dont on ne se débarrasse pas. Jamais depuis 20 ans la dette n’a-t-elle été sérieusement amortie ! Elle aurait pu aussi bien écrire le premier homme sur Mars en 2019… Sans ciller.
Mais comme pour le miroir de la salle de bain de Chaplin, la plupart des lecteurs n’y ont vu que du feu. Cela a ajouté à la confusion, à la désorientation générale.
Quelques irréductibles ont bien tenté d’avertir l’auteur par un commentaire poli… Mais personne ne les regarde ces commentaires au Figaro. Pour quoi faire ?
Bien sûr cela arrive de faire des erreurs, même des énormes bourdes… Dès le titre c’est tout de même inquiétant et ne pas corriger quand les lecteurs vous avertissent, c’est criminel.
Ce détail de rien du tout dans le flux ininterrompu de la logorrhée journalistique montre l’indigence de leur production subventionnée et leur oeuvre de distraction. Comment voulez-vous qu’on y comprenne encore quelque chose ?
Et cela vaut pour toute la presse grand public.
Bien évidemment, il y a toujours 150 milliards de dette sociale en France, le fameux « trou de la sécu ».
Et c’est déjà une chose remarquable : pour la première fois en ce fringuant millénaire, nous allons peut-être arrêter de creuser cette dette.
Rappelons que cet étalage indécent de fierté repose sur un budget prévisionnel et… conditionnel.
Nous vivons une époque formidable où nous ne tuons plus les ours. Cela ne nous empêche pas d’en vendre la peau à tour de bras. C’est miraculeux.
Les promesses n’engagent que ceux qui les croient, hein.
On s’était déjà fendu la poire en début d’année quand Les Échos — autre organe de haute expression artistique— avait relayé les vivats auto-attribués du nouveau patron de la Cadès (le discret organisme qui gère la dette sociale en France). [2]
À l’époque la reprise galopante de la croissance allait permettre tous les remboursements… Nous n’allions plus jamais transférer de nouvelles dettes à la CADES puisque les comptes étaient enfin équilibrés.
Mais chut ! Tout ceci se passait en des temps très anciens. Depuis Le gouvernement a décidé de transférer à nouveau 15 milliards de dettes à la Cadès…
Alors voilà Le Figaro vous envoie un article totalement FAUX et exubérant au moment même où l’on se rend compte que la situation se tend.
C’est que la CADÈS est officiellement censée s’éteindre en 2024. Vous avez bien lu, officiellement le trou de la Sécu sera bouché en 2014. La Cadès a été créée en 1996. Elle a amorti 140 milliards de dettes en 21 ans d’existence et elle compte en amortir encore 140 milliards… En 7 ans.
Eux aussi sont obscènes. Ils vous servent la même sauce depuis 20 ans : dès qu’il y a une année ou deux un peu meilleure ils tracent une courbe toute droite vers les étoiles : « regardez, à ce rythme ou aura tout remboursé dans 7 ans ».
Et comme d’habitude, la conjoncture se dégrade, une nouvelle crise arrive et on se remet à creuser encore plus profond qu’au coup d’avant.
Car la CADÈS bénéficie en ce moment de conditions exceptionnelles ET CONJONCTURELLES : de bonnes rentrées grâce à une croissance moins atone que d’habitude et des taux d’emprunt négatifs (ce sont les épargnants qui paient les intérêts pour la Cadès, mais chut cela non plus il ne faut pas le dire).
Mais seules les autruches prévoient aujourd’hui encore un regain de croissance durable (vous savez, la sauce qu’ils vous servaient il n’y a pas 6 mois).
La vérité est que nous sommes en fin de cycle… Et la Cadès n’a pas encore eu une année à l’équilibre alors que la prochaine crise est à la porte. C’est écrit, la Cadès va reprendre une grosse salve de dette à amortir dans les 2 à 3 ans qui viennent. Ou alors ce sera l’effondrement et l’on apprendra à nouveau ce qu’est la misère, la maladie et la pauvreté qui s’étalent à même la rue et les émeutes de la faim, chez nous. L’insécurité et la violence engendrés par la misère de ceux qui n’ont pas voulu payer quand il le fallait.
Cette dette qui coure depuis 20 ans, c’est faire payer notre État providence à la génération suivante qui n’aura déjà pas de quoi s’en payer un pour elle.
Le processus est déjà en cours. Comparez les rues de Paris aujourd’hui et il y a 10 ans.
Je prends les paris : 10€ qu’en 2025, la Cadès sera toujours là. Elle aura peut-être changé de nom mais la dette sociale en France ne sera pas éteinte. Je pose juste une condition : cela ne vaut pas si la dette a été remboursée par un épisode d’hyper-inflation (plus de 30% par an).
Tous ceux qui veulent participer, écrivez-moi en réponse à ce message et nous ferons les comptes dans 7 ans.
D’ici-là, vous savez ma position : sortez votre patrimoine du système et apprenez à vous en passer : cela passe par l’or, quelques cryptos, de l’argent en espèces (qu’ils veulent vous interdire), des actions dans des entreprises spéciales crises, celles qui offrent des biens et services vitaux… La terre, les forêt, les têtes de bétail. Les alternatives sont bien plus nombreuses que vous ne pensez, simplement votre banquier n’a pas intérêt à vous en parler.
Si vous n’êtes pas encore inscrit à la Lettre de l’Investisseur sans Costume, cliquez ici pour découvrir le projet.
Et si ces analyses vous intéressent, sans doute intéresseront-elles aussi vos proches… N’hésitez pas à reproduiretransférer et diffuser ce message à vos contacts et sur vos réseaux. Ce projet vit grâce à votre bouche-à-oreille.L’investisseur sans costume


Partager l'article

1 thought on “Ceci n’est pas un trou.

Comments are closed.