Davos, la bien intentionnée

24 01 2020
Partager l'article

Elle est à toi cette chanson

Toi l’auvergnat qui sans façon

M’a donné quatre bouts de bois

Quand dans ma vie il faisait froid

 
Toi qui m’as donné du feu quand

Les croquantes et les croquants

Tous les gens bien intentionnés

M’avaient fermé la porte au nez

Chanson pour l’Auvergnat, George Brassens, 1954

 

– Il s’agissait de répondre à une question – à une question intimidante – à une question que personne encore au monde n’a pu jamais laisser sans réponse, jusqu’à son dernier souffle.
 
– Laquelle ?
 
– « Qui vive ? ».
Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, 1951
 
Mon cher lecteur,
« [À Davos] Publiquement vous devez être d’accord avec Greta Thunberg et faire partie de la communauté des gens bien intentionnés en faveur du climat et de la RSE. En privé, vous soutenez Trump discrètement. »
Cette remarque de Niall Ferguson a un relent de décomposition avancée.
 
Ce n’est pas qu’il faille être grand sorcier pour le savoir. Davos a eu peur avec l’élection de Trump, mais le businessman a repris la main sur le populiste et les milliardaires ne s’en sont trouvés que plus riches comme le rappellent Ferguson et Trump lui-même.
 
Ce qui est plus étonnant c’est l’émetteur de cette critique : Ferguson est un canal de propagande quasi-officiel de Davos, il est un BHL britannique, plus brillant et plus policé… Mais tout aussi obscène.
 
Un insider de Davos qui prend les chefs d’États pour ses étudiants
Niall Ferguson est un professeur d’Oxford recyclé outre-atlantique à Harvard et Stanford. C’est un intellectuel hors-sol, un habitué de Davos où il anime des « conversations » qui ressemblent plus à des interrogatoires.
 
Hier par exemple, il en animait une avec le Premier ministre grec, passé lui aussi par Harvard et Stanford (et ancien banquier). L’entre-soi est ahurissant.
 
Cela commence comme une suite de flatteries d’anniversaire de promo, une thèse remarquée sur le populisme (rires dans la salle), mais très vite le professeur reprend le dessus sur l’ancien élève et lui fait subir un interrogatoire indigne d’un chef d’État :
« Nous avons besoin d’être persuadés que vous êtes vraiment en train de changer la politique grecque en profondeur, de manière fondamentale. Quelles réformes devrions-nous regarder pour vous juger ? ».
Niall Ferguson parle au Premier ministre grec comme s’il lui faisait passer un oral d’étudiant !
 
La réponse aurait pu être celle d’un autre élève modèle, Emmanuel Macron : réforme des retraites, plus d’incitations à travailler, attractivité du territoire, privatisations
 
À Davos on dirige la Grèce ou la France de la même manière et les chefs d’État y viennent passer leurs oraux auprès de gens comme Niall Ferguson comme des étudiants passent leurs partiels. Voilà pour la démocratie.
 
Un relais officiel de la propagande de Davos
Je vous l’ai dit, Niall Ferguson est une des voix les plus dociles de Davos, un relais de communication quasi-officiel de propagande mondialiste :
  • Il a soutenu la seconde guerre « de libération » d’Irak pour des raisons humanistes, il devrait y être envoyé pour jouir par lui-même des bienfaits de son « humanisme ».

 

  • En 2012, il expliquait, déjà à Davos, que l’Europe devait devenir « plus allemande » et que les peuples allaient l’accepter, raté.

 

  • En 2015, un an avant le Brexit, il estimait que la politique d’austérité du Royaume-Uni était juste, Cameron en fut récompensé.

 

  • Et en 2016, Il s’est surtout ridiculisé en prévoyant l’humiliation de Trump aux primaires de 2016, puis le crash en flamme de sa campagne 3 semaines avant son élection.
Niall Ferguson est une truffe, une boussole qui indique le Sud car il ne dit pas ce qu’il croit vrai, il souffle avec le vent et dit ce qu’il croit être attendu de lui, ce qui lui permettra de revenir l’année suivante et cela depuis au moins 10 ans :  c’est un propagandiste de première classe.
 
Et c’est ce même Niall Ferguson qui dénonce les élites qui félicitent Greta Thunberg publiquement mais rêvent de Donald Trump en privé car lui, au moins les enrichit ?
 
Plus de limite à l’obscénité
Cette déclaration de Ferguson marque un tournant dans le cynisme.
 
Vous n’avez pas besoin de reprocher aux élites leur inconstance, elles le font elles-mêmes, elles s’en foutent, pis, elles en tirent une jouissance dégénérée, un sentiment de puissance qui n’a d’égal que votre impuissance à vous.
 
Nous sommes des porcs, qu’y pouvez-vous ? Rien.
 
J’aurais également pu citer le représentant chinois interrogé juste après la déclaration de Greta Thunberg (que d’ailleurs personne n’a regardée) exigeant « l’arrêt total des énergies fossiles… pas en 2021 mais maintenant ».
 
Le représentant Chinois lui a répondu très poliment que la consommation chinoise de charbon allait doubler d’ici 2040 agrémentant son propos de gros mensonges pour faire passer la pilule.
 
Quelques puissent être l’urgence climatique et la menace des inégalités, les élites davosiennes vous montrent que c’est à leurs yeux une vaste mascarade, des constructions dont elles ont elles-mêmes choisi les sujets et posé les mots mais qu’elles ne laisseront pas se retourner contre elles.
 
Davos cette année marque une accélération dans l’obscénité.
 
Jamais les élites de Davos n’ont été aussi contestées et jamais ces contestations n’ont été si vaines.
Elles nous humilient en nous rappelant notre impuissance.
 
Leur pouvoir est total et l’on pourrait croire que ces gens vont réussir à nous enfermer cyniquement, détenus volontaires d’une prison d’abstraction, dans une matrice climato-inclusive angoissante, infantilisante et confiscatoire.
 
Mais la machine lancée ne s’arrêtera pas et nos chères élites sont déjà emportées dans leur élan. Elles se précipitent en même temps que nous dans la destruction, la violence et la guerre.
 
Jamais ils ne s’arrêteront d’eux-mêmes.
 
Ils sont devenus violents comme un mari alcoolique : moins il y aura de résistance et plus ils taperont, plus il y aura de docilité et moins ils seront indulgents.
 
Retenez bien cela cher lecteur, il est trop tard pour la docilité, elle ne vous apportera aucune sécurité.
 
Au bout du bout de l’obscène
La pente de l’obscénité n’a pas d’autre fin que la réponse à une question de 2 mots ; cette question que posent Gracq dans Le Rivage des Syrtes et Breton dans Nadja.
 
La littérature révèle au cœur l’impensable, ce qui est caché à la raison.
 
Un corps, qu’il soit humain ou social, ne peut être que vivant ou mort en décomposition. Les zombies n’existent pas.
 
À Davos comme à Orsenna, Il s’agit simplement de répondre à une question que personne encore au monde n’a pu jamais laisser sans réponse : « Qui vive ? ».
 
Qui vive, mon cher lecteur ?
 
Guy de La Fortelle
 
PS :  Orsenna est la Venise en décomposition du Rivage des Syrtes.
 
PPS : Votre patrimoine est DÉJÀ en train d’être confisqué, voici comment.
 
Source :
La « conversation » avec le Premier ministre grec (en Anglais): https://www.youtube.com/watch?v=4K7saNpsVzc


Partager l'article