La souveraineté chez Bruno Le Maire c’est de la confiture

31 01 2020
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Mon cher lecteur,
 
Mardi, Bruno Le Maire était auditionné par la Commission des Affaires Étrangères de l’Assemblée Nationale. [1]
 
Et il n’a eu qu’un mot à la bouche : souveraineté.
 
Souveraineté pour la taxe gafa, souveraineté pour le « cloud souverain » (la gestion de nos données personnelles), souveraineté pour la France, mais par l’intermédiaire d’une souveraineté pour l’Europe tout de même.
 
C’était si ÉNORME : je m’en suis demandé s’il n’avait pas pris sa carte chez Le Pen.
 
Mais non bien sûr. Ils ne sont pas bêtes chez En Marche, ils savent bien qu’ils ne peuvent plus éluder la question de la souveraineté.
 
Cela fait 15 que nous avons dit NON au referendum sur la constitution européenne.
 
Ils sont passés outre et nous avons vu le résultat. C’est la question centrale de notre époque et nous le savons bien.
 
La souveraineté, c’est la liberté. Et sans liberté, nous ne pouvons faire aucun choix politique, si ce n’est la révolution et à défaut l’esclavage.
 
Le sujet a également l’avantage stratégique de désigner l’adversaire :  c’est tellement plus facile avec un Le Pen au second tour. 2002, 2017, 2022 ?
 
Mais quelle est donc cette souveraineté de Monsieur Le Maire ?
 
Il nous éclaire au sujet de la taxe gafa. Il précise bien que son prélèvement n’en est que reporté mais en aucun cas annulé : en effet, ce que le parlement a voté, il ne peut en aucun cas le défaire, prend-il soin de préciser, voilà un bel exemple de souveraineté du peuple en ses représentants.
 
Cela laisse le temps de trouver un accord à l’OCDE, lequel s’appliquera naturelLe Maireent.
 
Voilà une énormité balayée du revers de la main par notre ministre plein d’assurance.

 

Ce que les députés ont fait, un ministre ne peut le défaire mais l’OCDE, oui.

 
L’OCDE – Organisation de Coopération et de Développement Économiques – est un lointain héritier du plan Marshall dont elle a gardé le rôle essentiellement propagandiste de promotion de l’hégémonie américaine.
 
Surtout, l’OCDE est un organe consultatif : CON-SUL-TA-TIF.  
 
Généralement, l’OCDE réalise un travail de fonds qui sert ensuite de base ou d’inspiration à l’élaboration de traités bilatéraux.
 
Mais JAMAIS au grand jamais l’OCDE n’a été le lieu de l’élaboration de loi supra-nationales.
 
Jamais… Jusqu’ici.
 
D’un coup de baguette magique Monsieur Le Maire transforme l’OCDE en une sorte de fédération de pays riches à laquelle nous abandonnerions notre souveraineté aussi naturellement que la Bourgogne aurait abandonné sa souveraineté à la France.
 
Il serait bien sûr naturel que la diplomatie française prolonge l’œuvre de l’Assemblée et lui trouve une portée internationale mais c’est très différent de l’approche de M. Le Maire, qui lui abandonne notre souveraineté à une sorte de machin non-identifié.
 
Oh, le mouvement vient de loin et les pères fondateurs de l’Europe déjà voyaient leur œuvre comme un marchepied vers une gouvernance mondiale.
 
Il se trouve que la souveraineté ne se transfère pas d’étage en étage comme un vulgaire témoin. Ce n’est pas pour rien que les grands empires mondiaux ne durent pas.
 
En toute décontraction, Bruno Le Maire réaffirme notre souveraineté en même temps qu’il l’abandonne. Il nous remet une couche du « en même temps » macronien.
 
Mais il n’y a pas de place pour l’ambiguité : un peuple est souverain ou ne l’est pas.  
 
Un peuple disait Philippe Séguin, est une « communauté de destin ». Eh bien ces gens-là nous prive de notre destin, ils le détruisent à coup de grosses pelles et belles paroles.
 
J’écrivais déjà cela il y a un an au sujet de l’Italie et du Brexit.
 
À l’époque, je vous conseillais d’investir dans la livre, c’était fin novembre 2018 :
 
« À moyen terme, achetez de la Livre et vendez de l’Euro. Depuis le vote du Brexit, la Livre évolue de manière stable entre 1,15 et 1,20€. Ne croyez pas la presse française qui vous dira de toute manière, par propagande, que le Royaume-Uni s’enfonce dans la crise. La réalité est que les exportations progressent ainsi que le PIB depuis le début de l’année, alors même que le risque d’un « no deal » planait et que l’Europe, elle, ralentissait.

Dans tous les cas, il est suicidaire de ne pas assurer votre capital contre une crise de l’Euro, c’est-à-dire d’avoir une partie de votre patrimoine libellé dans une autre devise que l’Euro et conservé en dehors des banques de la Zone Euro.»

 
Au pire moment des négociation du Brexit, il fallait être fou pour conseiller la Livre.
 
Vous auriez pourtant gagné 6% en un an et selon mon analyse, le meilleur reste à venir.
 
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle
 
 
 

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