L’UE n’est pas l’Europe, analyse de la tribune de Macron

05 03 2019
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Mon cher lecteur,

L’enjeu des prochaines élections européennes est national.

Il est national en France, en Italie, en Europe de l’Est et ailleurs.

Au niveau européen, on se fiche pas mal du parlement dont le poids reste mineur face à la commission et qui le sera encore plus une fois sa composition éclatée façon puzzle comme le prévoient les sondages.

Aussi ne faut-il pas vous y tromper, la tribune publiée ce matin par Emmanuel Macron ne s’adresse bien qu’à vous, mais elle vous noie déjà dans une identité européenne fictive.

Pour mémoire, la victoire de UKIP aux dernières européennes avait achevé de convaincre David Cameron de la nécessité d’organiser un referendum. Déjà en préparation. Il devait tuer UKIP qui fragilisait Cameron sur son aile droite… Bien sûr, il n’a pas pensé un instant que le Brexit l’emporterait.

Qui sait quelle surprise apporterait cette fois la victoire d’un parti eurosceptique dans un grand pays européen…

Il est cocasse que les seules élections de la très fédéraliste et autoritaire UE soient spontanément détournées en élections nationales ou du moins en élections d’une Europe des nations, modèle abhorré de nos chers technocrates bruxellois atrabilaires.

Chassez le naturel et il revient au galop.

En tout cas, la tribune publiée aujourd’hui par Emmanuel Macron s’engouffre dans une stratégie radicale et attendue qui prétend opposer les progressistes de la renaissance européenne aux nationalistes du rejet sans projet.

Il est dangereux de jouer ainsi avec le feu. Le tout ou rien de Monsieur Macron, c’est le risque du rien et d’une nouvelle crise existentielle de l’UE et de l’Euro dont il convient de vous protéger en tant qu’investisseur.

Comme toujours, c’est lyrique, vide et angoissant sur le fond, pour peu d’y regarder de près. C’est ce que j’ai fait. J’ai repris la première moitié de sa tribune et l’ai analysée ci-dessous, en bleu la tribune et en noir mon analyse.

Partagez sur les réseaux sociaux et à votre carnet d’adresse, c’est important :

 

Citoyens d’Europe,


Si je prends la liberté de m’adresser directement à vous, ce n’est pas seulement au nom de l’histoire et des valeurs qui nous rassemblent. C’est parce qu’il y a urgence. Dans quelques semaines, les élections européennes seront décisives pour l’avenir de notre continent.

 

Après l’urgence climatique, l’urgence  économique et sociale, voici l’urgence européenne.

 

Quelle urgence ?  Le coeur du pouvoir européen est à la commission, pas au parlement. Quelles que soient leur résultat, ces élections ne vont guère changer les rapports de force à Bruxelles. Le camouflet que vient de subir Monsieur Lemaire avec l’échec au niveau européen de la fameuse taxe GAFA sur les géants du web a  échoué à la commission sans jamais atteindre le parlement.

 

Ces élections ne sont absolument pas décisives pour l’Europe. Elles le sont en revanche pour Monsieur Macron, qui mise gros sur l’Europe depuis le début de son quinquennat  mais ne récolte pour le moment que des échecs, que ce soit pour le travail détaché, son projet d’armée européenne, l’intégration bancaire ou, dernièrement la taxe GAFA. Un échec de plus aux élections européennes s’ajouterait à la crise des gilets jaunes et le mettrait en très mauvaise posture.

 

Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe n’a été aussi nécessaire. Et pourtant, jamais l’Europe n’a été autant en danger.

 

Ah bon ? L’Europe n’était pas plus nécessaire au lendemain de la seconde guerre mondiale ? N’était-elle pas plus importante au coeur de la guerre froide  ?  Cette affirmation est gratuite et infondée.

 

Le Brexit en est le symbole. Symbole de la crise de l’Europe, qui n’a pas su répondre aux besoins de protection des peuples face aux grands chocs du monde contemporain.

 

Le grand débat n’a servi à rien, Monsieur Macron n’a toujours pas compris que les peuples ne demandent pas tant de protection que de souveraineté, d’équité et de dignité.

 

Symbole, aussi, du piège européen. Le piège n’est pas l’appartenance à l’Union européenne ; ce sont le mensonge et l’irresponsabilité qui peuvent la détruire.

 

Cette phrase ne veut rien dire.

 

Qui a dit aux Britanniques la vérité sur leur avenir après le Brexit?

 

Vous avez donc une boule de cristal ? Quelle arrogance. Dénoncer le mensonge avant de s’y vautrer est crapuleux.

 

Qui leur a parlé de perdre l’accès au marché européen?

 

Et pourquoi devraient-ils le perdre ? Je croyais que Monsieur Macron était progressiste et libéral. Le Canada a bien signé un grand traité de libre échange avec l’UE sans en faire partie.   Les négociations sont en cours avec les États-Unis. Faut-il parler de la Suisse, de la Norvège, de la Turquie…

 

Qui a évoqué les risques pour la paix en Irlande en revenant à la frontière du passé?

 

Agiter le chiffon rouge de la frontière irlandaise est un indigne de quiconque prétend oeuvrer pour la paix. La solution irlandaise existe, elle est simple et proposé par Moniseur Barnier lui-même. Le Royaume-Uni sort de l’UE mais reste dans l’Union Douanière le temps de négocier un traité de libre-échange. De plus un pays comme la Suisse, sans faire partie de l’Union Douanière, échange abondamment et sans problème avec l’Europe.

 

Le repli nationaliste ne propose rien ; c’est un rejet sans projet.

 

Qu’il est curieux de prendre le Brexit pour un repli nationaliste. Le Royaume-Uni est le pays du libéralisme et du libre-échange. La section histoire du nationalisme britannique sur Wikipedia est vide. c’est à peine si l’on peut parler de nationalisme au Royaume-Uni. Monsieur Macron fait une erreur colossale, aujourd’hui on  dirait : FAKE NEWS.

 

Il est également faux de parler de rejet sans projet. : derrière le Brexit, il y a la volonté de mettre fin au dumping  social et de reprendre en main le contrôle de leur immigration. C’est un projet  qui commence plutôt bien : les bas salaires augmentent plus vite que prévu et le chômage est au plus bas depuis 40 ans.

 

Et ce piège menace toute l’Europe: les exploiteurs de colère, soutenus par les fausses informations, promettent tout et son contraire. Face à ces manipulations, nous devons tenir debout. Fiers et lucides.

 

Des faits monsieur Macron, donnez-nous des faits, sinon c’est FAKE NEWS. D’autant que vous êtes mal placé pour reprocher à quiconque de de promettre tout et son contraire, vous qui êtes le roi du « en même temps » comme dans cette tribune où vous voulez libérer et en même temps protéger.

 

Ou alors serait-ce de la jalousie envers Monsieur Salvini qui est passé de 30  à 60% d’opinion favorable depuis qu’il est aux affaires ? 

 

Dire d’abord ce qu’est l’Europe. C’est un succès historique: la réconciliation d’un continent dévasté, dans un projet inédit de paix, de prospérité et de liberté. Ne l’oublions jamais. Et ce projet continue à nous protéger aujourd’hui: quel pays peut agir seul face aux stratégies agressives de grandes puissances? Qui peut prétendre être souverain, seul, face aux géants du numérique?

 

L’Europe et l’UE sont deux choses fort différentes. Force est de constater aujourd’hui l’absence totale de diplomatie européenne pour faire « face aux stratégies agressives de grandes puissances ». Quant aux géants du numérique, faut-il rappeler que l’Europe vient de se coucher lamentablement… Mais tout ceci était prévisible et prévu. Je reproduis ci-dessous un extrait d’une conférence de presse du général de Gaulle de 1963 :

 Y a-t-il une France, une Allemagne, une Italie, une Hollande, une Belgique, un Luxembourg, qui soient prêts à faire, sur une question importante pour eux au point de vue national et au point de vue international, ce qui leur paraîtrait mauvais parce que cela leur serait commandé par d’autres?

Est-ce que le peuple français, le peuple allemand, le peuple italien, le peuple hollandais, le peuple belge, le peuple luxembourgeois, songeraient à se soumettre à des lois que voteraient des députés étrangers, dès lors que ces lois iraient à l’encontre de leur volonté profonde? Ce n’est pas vrai! Il n’y a pas moyen, à l’heure qu’il est, de faire en sorte qu’une majorité étrangère puisse contraindre des nations récalcitrantes.

Il est vrai que, dans cette Europe « intégrée » comme on dit, il n’y aurait peut-être pas de politique du tout. Cela simplifierait beaucoup les choses. En effet, dès lors qu’il n’y aurait pas de France, pas d’Europe, qu’il n’y aurait pas une politique faute qu’on puisse en imposer une à chacun des Six Etats, on s’abstiendrait d’en faire. Mais alors, peut-être, ce monde se mettraitil à la suite de quelqu’un du dehors qui, lui, en aurait une. Il y aurait peut-être un fédérateur, mais il ne serait pas Européen. Et ce ne serait pas l’Europe intégrée, ce serait tout autre chose de beaucoup plus large et de beaucoup plus étendu avec, je le répète, un fédérateur. Peut-être est-ce cela qui, dans quelque mesure et quelquefois, inspire certains propos de tel ou tel partisan de l’intégration de l’Europe. Alors, il vaudrait mieux le dire.

 

Voyez-vous, quand on évoque les grandes affaires, eh bien ! on trouve agréable de rêver à la lampe merveilleuse qu’il suffisait à Aladin de frotter pour voler au-dessus du réel. Mais il n’y a pas de formule magique qui permette de construire quelque chose d’aussi difficile que l’Europe unie. Alors, mettons la réalité à la base de l’édifice et, quand nous aurons fait le travail, il sera temps de nous bercer aux contes des Mille et Une Nuits.

 

Comment résisterions-nous aux crises du capitalisme financier sans l’euro, qui est une force pour toute l’Union?

 

L’Euro fait partie du problème, pas des solutions. Ce problème est d’ailleurs simple : comment faire marcher des économies françaises,  italiennes ou espagnoles avec une monnaie d’Allemands… Jusqu’à présent cela ne marche pas.

 

L’Europe, ce sont aussi ces milliers de projets du quotidien qui ont changé le visage de nos territoires, ce lycée rénové, cette route construite, l’accès rapide à Internet qui arrive, enfin.

 

Pourquoi monter jusqu’à Bruxelles prendre une décision qui pourrait se prendre à l’échelle d’une commune ou d’un département ? Il est aberrant de faire appel à l’UE pour « rénover un lycée » !

 

Ce combat est un engagement de chaque jour, car l’Europe comme la paix ne sont jamais acquises. Au nom de la France, je le mène sans relâche pour faire progresser l’Europe et défendre son modèle. Nous avons montré que ce qu’on nous disait inaccessible, la création d’une défense européenne ou la protection des droits sociaux, était possible.

 

Double FAKE NEWS. La défense européenne est encore un voeu pieux qui remplace au rabais le projet d’armée européenne abandonné par M. Macron au profit d’une Initiative Européenne d’Intervention déjà bafouée par la Belgique pourtant signataire. Quant aux droits sociaux, Monsieur Macron évoque sans doute sa grande victoire sur la limitation du travail détaché à des périodes de 12 mois…. En oubliant que les détachements durent sont en moyenne de 3 mois. Il oublie également de dire que les contrôles on diminué de moitié entre 2016 et 2017.

 

Mais il faut faire plus, plus vite.

 

Le remède ne marche pas, les solutions sont rejetées alors on augmente la dose…

 

Car il y a l’autre piège, celui du statu quo et de la résignation. Face aux grands chocs du monde, les citoyens nous disent bien souvent: «Où est l’Europe? Que fait l’Europe?». Elle est devenue à leurs yeux un marché sans âme. Or l’Europe n’est pas qu’un marché, elle est un projet. Un marché est utile, mais il ne doit pas faire oublier la nécessité de frontières qui protègent et de valeurs qui unissent. Les nationalistes se trompent quand ils prétendent défendre notre identité dans le retrait de l’Europe ; car c’est la civilisation européenne qui nous réunit, nous libère et nous protège.

 

Encore une citation de de Gaulle, et savoureuse :

Je ne crois pas que l’Europe puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec ses Français, l’Allemagne avec ses Allemands, l’Italie avec ses Italiens, etc. Dante, Goethe, Chateaubriand appartiennent à toute l’Europe dans la mesure même où ils étaient, respectivement et éminemment, Italien, Allemand et Français. Ils n’auraient pas beaucoup servi l’Europe s’ils avaient été des apatrides et qu’ils avaient pensé, écrit en quelque «esperanto» ou «volapük» intégrés…

 

La suite est un grand voeu pieu pour une « renaissance européenne » dont l’échec est déjà acté par les règles de fonctionnement et la nature même de l’UE.

Et c’est heureux car les solutions éculées de Monsieur Macron sont une succession toujours plus angoissante de commissions, forces d’intervention, conférences, banques de financement, panels… Un enchevêtrement administratif et bureaucrate qui viendrait produire l’inverse de ses promesses et terminer de nous asphyxier pour de bon.

 

À votre bonne fortune,

 

Guy de La Fortelle

 

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