Mieux que le cash en temps de crise 

05 07 2021
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Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
 
Les opérations de Reverse Repo de la Fed sont un maillon faible de la politique monétaire américaine actuelle.

 
Là où la politique monétaire de la première puissance mondiale est faible… Tout le système est faible.

 
Encore faudrait-il savoir ce qu’est un reverse repo et comment la Fed s’en sert.

 
L’opération n’a rien de bien sorcier : La Fed prend aux épargnants et aux investisseurs prudents pour le donner aux spéculateurs et aux gérants accros au crédit comme à une drogue dure, qu’ils soient de fonds ou d’entreprises. Et c’est la monnaie même qui sert de courroie de transmission.

 
Fondamentalement, ce n’est pas plus compliqué que cela.

 
Voici comment cela se passe : Une banque a à son bilan un portefeuille d’actions de 100 milliards de dollars. Ce portefeuille est financé à crédit pour les clients de la banque et pour ses opérations.

 
Pour minimiser le coût de son crédit, la banque place ses actions sur le marché Repo.

 
Repo est le diminutif de « sales and repurchase agreement » : La banque vend ses actions avec l’engagement de les racheter le lendemain à un prix convenu à l’avance. Et recommence l’opération chaque jour.

 
De cette manière :

  • Elle garde son portefeuille liquide puisqu’elle récupère ses actifs chaque jour ;
  • Elle paie un taux d’intérêt au plancher puisqu’en l’espace de 24 heures, elle ne risque pas de faire faillite ;
  • En plus, elle donne son portefeuille d’actions en collatéral (comme lorsque vous hypothéquez votre maison) et ses actions ne risquent pas non plus de s’effondrer en 24 heures.
  • Elle est dans son coeur de métier : elle finance des investissements de (très) long terme et se refinance à (très) court terme pour gagner sur la différence des taux courts et longs.
Il n’y a qu’un seul problème : son portefeuille d’actions sur le marché Repo s’échange à la valeur de marché, pas à la valeur d’achat.
 
La banque s’est endettée de 90 milliards sur le marché Repo pour son portefeuille de 100 milliards d’actions et a mis 10 milliards de fonds propres. Tous les jours, elle doit donc refinancer ses 90 milliards.
 
Mais si les Bourses baissent de 20%… La banque ne va plus recevoir que 80 milliards contre ses actions sur le marché Repo… Elle a un trou de 10 milliard dans son bilan qu’elle devrait normalement combler en fonds propres.
 
C’est là qu’est l’os hélas.
 
Car les fonds propres sont le trésor de la banque : Cela coûte très cher et ne s’utilise qu’avec parcimonie.
 
Une banque qui cherche des fonds propres en pleine crise sent fort le sapin et n’attire que rarement les investisseurs subitement très frileux.
 
Mais c’est également un juste retour de bâton pour les banques qui ont fait de mauvais investissements et ont pris des positions trop spéculatives.
 
Alors plutôt que de combler son trou en fonds propres, la banque depuis la crise de 2008 s’est mise a combler son trou avec d’autres collatéraux. Elle complète avec d’autres actifs, le temps de passer la crise et lorsque les cours remontent, la situation rentre dans l’ordre.
 
Bien sûr, cela ne peut pas être n’importe quel actif. Il faut des actifs ultra robustes qui ne perdent pas leur valeur en cas de crise, en anglais on parle de « pristine collateral », littéralement de garantie immaculée : Il s’agit essentiellement des bons du Trésor américain et de l’or.
 
Les bons du Trésor ont un autre avantage sur les fonds propres : vous pouvez les utiliser comme collatéral dans plusieurs opérations et ainsi démultiplier leur capacité, cela porte le petit nom barbare de cross collateralization.
 
C’est comme cela qu’après 2008, les banques et sociétés financières ont été prises d’envies furieuses d’obligations souveraines américaines : Plus elles avaient d’actions et de risque et plus il leur fallait assurer ce risque avec des bons du Trésor en collatéral de dernier recours.
 
Et c’est sur ce collatéral qu’elles se jettent à nouveau depuis avril… Et que seule la Fed semble capable d’offrir en quantités suffisantes.

Ce sont ces fameuses opérations de « reverse repo » : On dit reverse car à l’origine la Fed intervenait sur le marché pour acheter les actif et redonner des liquidités aux marchés…
 
Mais la situation s’est inversée à partir de 2013 : La Fed s’est rendue compte que les banques avaient besoin de collatéral plus encore que de cash. Alors elle s’est mise à fournir les bons du Trésor si demandés en « reverse repo »… Faisant mentir l’adage de l’argent-roi : « cash is king ».
 
Et mercredi, on a frôlé les 1 000 milliards mercredi. Du jamais vu.

Cela signifie qu’il n’y a pas assez de collatéral sur les marchés et c’est un énorme problème.
 
Bien sûr, si la Fed n’était pas là pour compenser, les marchés spéculatifs s’effondreraient et au contraire, les stratégies de « bon père de famille » sortiraient gagnantes.
 
Mais la Fed préfère récompenser le vice et punir la vertu.
 
Ce faisant, elle ne fait que retarder et amplifier l’inéluctable.
 
La prochaine étape, ce sont les taux négatifs sur votre épargne pour solvabiliser les quantités astronomiques de crédit et d’actifs que la Fed fait circuler de force.
 
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À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle


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