Nous savons bien que nous n’aurons pas de retraite

26 11 2019
Partager l'article

les chiffres ont été mis à jour le 13/12/2019

Mon cher lecteur
 
Vous travaillez 43 ans pendant lesquels vous cotisez 25,31% de votre salaire pour votre retraite (plus une partie pour le fonctionnement du système qui porte la cotisation totale employé et employeur à 28,12%).
 
Sur ces 25 et quelques pourcent sont retranchées un quart pour la solidarité (selon les chiffres du rapport Delevoye). Il vous reste donc environ 19% pour vous, cet à dire tous les cotisants, dans le cadre d’une population stable.
 
À 64 ans, vous prenez une retraite bien méritée à 80% de votre salaire moyen sur toute votre activité.
 
Notez bien que je prends 80% du salaire moyen de votre vie active et non le dernier salaire, le taux de remplacement actuel est bien plus généreux.
 
Les sommes que vous avez cotisées tout au long de votre vie représentent un peu moins de 10 ans et 2 mois de retraite à 80%. 
 
À 74 ans, vous aurez perçu en retraites toutes les ressources que vous aviez mises de côté. Avec une espérance de vie de 82 ans, vous avez financé à peine plus de la moitié de ce que l’État (c’est-à-dire vous indirectement) est censé vous servir, précisément 49%.
 
Voilà où nous mène la grande réforme de Monsieur Macron.
 
Ça c’est le calcul de base, structurel, que le mode soit par capitalisation ou répartition MAIS qui ne prend pas en compte l’évolution des salaires, de la population occupée ou la rémunération du capital.
 
Qu’importe, dans la discussion sur la réforme en cours, personne ne vous parle de ces 3 leviers pourtant fondamentaux. Et si cette réforme fonctionnait, on atteindrait peut-être un taux de financement de 50 ou 52%.
 
À ce stade, il conviendrait de nous gratter la tête et nous demander si ce n’est pas trop gros pour être vrai.
 
Ce problème des retraites, nous l’avons vu venir de loin, TRÈS loin, cela fait 30 ans que nous sommes supposés nous préparer au Papyboom.
 
Ce n’est pas possible qu’après 30 ans de réformes nous soyons aussi mauvais !?
 
Si.
 
Nous sommes aussi mauvais parce que nous n’avions pas prévu que les salaires arrêteraient de progresser, que les taux d’intérêt passeraient à zéro et en dessous et que la population active en emploi stagnerait depuis 2008.
 
Toutes les soupapes ont été bouchées après 2008, volontairement, pour « sauver » le système financier.
 
Or ces leviers-là sont incroyablement plus puissants et moins douloureux qu’une année de cotisation de plus ou de moins. Monter le taux de notre population occupée au niveau de l’Allemagne ou de la Suisse nous permettrait de financer l’équivalent de 20 ans de cotisation en plus ! Pour cela il nous faudrait pouvoir protéger nos emplois.
 
Mais cela fait longtemps que ces décisions ne se prennent plus à Paris mais à Bruxelles et Francfort.
 
Il n’y a rien de bon à attendre de cette réforme des retraites, ce n’est pas possible car elle ne s’attaque pas au vrai sujet : la paupérisation de la France.
 
Cette paupérisation a 2 racines : le travail et l’épargne.
 
Nous sommes bien trop peu à travailler en France avec des salaires qui stagnent et même baissent si l’on prend en compte les exonérations de charges.
 
Quant à l’épargne, elle a été sacrifiée par les banques centrales pour sauver un système financier pourri jusqu’à l’os.
 
Tant que nous refuserons de protéger nos emplois et remonter nos taux d’intérêt, l’équation sera insoluble. Or les décisions de Bruxelles et Francfort sont très claires : les taux ne sont pas prêts de remonter et les marchés pas prêts d’être protégés.
 
Alors il faudra bien couper vos retraites par 2 :
 
  • Soit de manière courageuse en vous le disant en face, mais cela ne se passera pas comme cela,
  • Soit de manière vicieuse en payant votre retraite en monnaie de singe, en tuant la monnaie, en détruisant non pas vos euros mais la valeur de vos euros.
 
Nous savons bien, au fond, que nous n’aurons pas de retraite de l’État.
 
 
La voici votre retraite. Pas les unités de compte bidon de vos assureurs, mais la seule monnaie qui traverse les crises de civilisation comme celle dans laquelle nous nous débattons.
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle
 


Partager l'article