Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
En théorie, il n’y a pas de différence entre la théorie et la pratique… En pratique, il y en a une.
J’apprécie l’absurdité de cet aphorisme attribué aussi bien au physicien Albert Einstein qu’au joueur de baseball Yogi Berra.
Car l’époque est absurde.
En théorie, lorsque l’inflation monte, les banques centrales remontent leurs taux.
En pratique ce n’est pas ce qui se passe.
C’est important car tout l’échafaudage de votre patrimoine dépend des taux.
C’est d’ailleurs la première observation, l’évidence qu’il nous faut rappeler : les indicateurs économiques ne peuvent en aucun cas expliquer les valorisations boursières actuelles.
Dans le graphique ci-dessous, la courbe verte représente le S&P 500, l’indice de référence américain. En rouge vous voyez le PIB américain et en violet le bilan de la Réserve fédérale, la banque centrale américaine :
La Bourse évolue en fonction de la création monétaire, pas de la croissance économique dont elle s’est décrochée.
C’est l’évidence et pourtant les grands journaux économiques passent leur temps à justifier les cours de Bourse par des arguments économiques.
Aussi les banques centrales sont-elles prises entre peste et choléra : Elles ne peuvent remonter leurs taux et « normaliser » leurs politiques monétaires sans envoyer les marchés au tapis de l’ordre de -80% ou plus mais à les maintenir bas, elles ouvrent la porte à l’inflation et sa dérive hyperinflationniste.
Elles ont d’ailleurs choisi, ce sera l’inflation. La Fed pas plus que la BCE n’ont relevé leurs taux malgré les reprises inflationnistes.
Oui mais voilà, comme souvent en ce bas monde, il y a un décalage entre la décision et le moment où les conséquences se matérialisent.
Et encore plus entre taux et inflation.
Car il n’y a pas une inflation mais deux : Il y a l’inflation financière et l’inflation économique. L’immense majorité des observateurs s’arrête à l’inflation économique, au panier de la ménagère et c’est imbécile.
Il faut observer où va l’argent. Et plus l’argent va dans la sphère financière, plus il fait pression à la baisse sur la sphère économique.
Le mécanisme repose essentiellement sur 3 courroies de transmission :
- Plus il y a de capital à rémunérer (inflation financière), moins les entreprises ont de valeur ajoutée à consacrer aux salaires (déflation économique) ;
- Corollaire, plus les salaires baissent plus l’État doit compenser par la redistribution et augmenter la fiscalité sur les classes moyennes ;
- Plus l’immobilier augmente (inflation financière) et plus le reste à vivre des ménages diminue (déflation économique) ;
Aussi, les baisses de taux et plus généralement les politiques des banques centrales sont d’autant plus déflationnistes économiquement qu’elles sont inflationnistes financièrement.
C’est pour cela que les banques centrales peuvent baisser encore leurs taux malgré la reprise inflationniste.
Ce qui crée l’inflation économique, ce ne sont pas les banques centrales directement, c’est la politique budgétaire des États et le pouvoir d’achat redistribué.
En revanche cela crée une divergence radicale entre les sphères économiques et financières.
Dit autrement, les crédits qu’ils soient aux entreprises, aux particuliers ou aux États ne peuvent plus, et depuis longtemps, être remboursés en comptant sur les créations de valeurs futures.
Les deux seules choses qui nous permettent de rester solvables sont la baisse continue des taux d’intérêt ET l’inflation qui permet aux entreprises d’augmenter leurs marges sans augmenter la production de valeur économique et sociale.
Nous nous apercevons que les taux seuls ne permettent plus de solvabiliser les marchés qui vont d’accident en accident depuis 2016.
C’est pour cela que se dessine le piège de l’inflation ET de la baisse des taux.
Dis autrement, il faudra bien un jour que la fiction financière et la réalité économique se réconcilient.
Mais cette réconciliation a deux directions possibles : Soit l’effondrement financier pour rejoindre la réalité économique… Soit au contraire l’hyperinflation économique pour rejoindre la fiction financière.
L’affaiblissement de nos États-nations et la servitude aux marchés des banques centrales rendent bien plus probable, à terme, le sacrifice de l’économique à l’autel du financier et une grande réconciliation par le haut, par l’hyperinflation.
Et entre les deux les taux ont de la marge pour baisser beaucoup en territoire négatif et profondément négatif.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
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