Une blague d’économiste

14 09 2018
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John, Richard et Clément sont sur un bateau. Il ne leur reste plus qu’un bidon d’eau douce pour tout l’équipage. À la fin qui reste-t-il ?
 
 
 
 
Réponse : John s’est fait lynché, Richard a quitté le navire, il ne reste que Clément. Voici pourquoi.
 
John émet des bons à boire qu’il vend à l’équipage. Avec le profit, il monte une expédition pour réapprovisionner le bateau en eau. Au bout de quelques jours, il il a vendu l’équivalent de 100 bidons de bons à boire. L’équipage est rassuré et la plupart ne réduisent même pas leur consommation d’eau.
 
Richard achète le premier les bons de John et les utilise aussitôt avec un grand profit pour s’approvisionner en eau et en or. Il quitte le bateau sur un radeau de surive, vit riche et heureux et écrit ses mémoires.
 
Pendant ce temps-là, l’expédition échoue, l’équipage se rend compte qu’il y a beaucoup plus de bons que d’eau à boire. Ils lynchent John.
 
Arrive alors Clément. Clément est médecin. Il réalise rapidement qu’il n’y aura pas assez d’eau pour la survie de tout l’équipage et que tout le monde aurait pu le prévoir à l’avance. Il rationne les distributions d’eau en augmentant rapidement le nombre de bons à échanger pour bénéficier d’une ration. Cela crée un grand mécontentement et des troubles important mais permet de sauver les membres d’équipage les plus prudents.
 
Le désastre de cette traversée crée un grand émoi parmi les marins de la région. Les suivantes s’approvisionnent mieux en eau et le commerce reprend de plus belle et de manière plus sûre.
 
Cette historiette est de mon cru. Elle est inspirée de John Law, Richard Cantillon et Clément Juglar.
 
John Law est l’archétype du banquier central qui imagine régler les problèmes par une simple émission monétaire sans se préoccuper du monde réel.
 
Richard Cantillon est l’archétype du spéculateur rusé et chanceux qui fait fortune en profitant le premier des effets de la création monétaire. Il fait sa fortune sur le dos des marchands. Il le sait très bien et cela lui est bien égal car si cela n’avait été lui, un autre en aurait profité. Il a d’ailleurs expliqué ce mécanisme le premier. Il s’agit de l’effet Cantillon : quand la création monétaire dépasse la création de valeur d’une économie, elle se traduit par un transfert de richesse entre les premiers qui touchent l’argent et les derniers.
 
Imaginez les navires de Cortes rentrant des Amériques chargés d’or au XVe siècle. Cet or enrichit considérablement Charles Quint et ses armateurs qui achètent avec d’innombrables biens dont les prix augmentent et enrichissent à leur tour et dans une bien moindre mesure les marchands et négociants qui font monter les prix aux dépends des paysans qui eux s’apauvrissent considérablement, n’ayant pas les moyens de suivre la hausse des prix générée par cet afflux d’or. L’or des Amériques n’a enrichit Charles Quint que d’autant qu’il a appauvri ses sujets.
 
De la même manière que l’or de Charles Quint a servi de transmission à un grand transfert de richesse, le système de John Law et sa banqueroute au XVIIIe siècle a permis d’assainir les finances du Royaume en reportant les dettes immenses sur la banqueroute des petits porteurs (10% de la population française de l’époque tout de même). Et aujourd’hui encore, 500 ans après Charles Quint et 300 ans après John Law, nos chers banquiers centraux par leurs politiques monétaires organisent le plus grand transfert de richesses jamais imaginé avec des combines vieilles d’un demi millénaire.
 
Ils vous prennent pour les bonnes poires de ma petite histoire.
 
Clément Juglar, médecin français de la fin du XIXe siècle a mis en évidence ce cycle de commerce de 7 à 10 ans lié au crédit. Il a montré que les crises cycliques n’étaient non seulement pas évitables mais bien nécessaires pour assainir les comportements exhubérants. Selon lui, « 2 à 3 mois de crise tous les 6 ou 7 ans ne nous feront pas oublier la prospérité générale qui précède et qui suit et dont le crédit et l’âme ».
 
La seule chose à faire selon juglar est de monter les taux pour seuvrer les appétits et éviter un effondrement de surchauffe (comme en 1929).
 
L’action que préconise Juglar est à l’inverse des spéculateur d’aujourd’hui. À l’argument misérable et préféré des spéculateurs « si cela n’avait été moi un autre en aurait profité » Juglar oppose au contraire, l’action courageuse : si cela n’avait été moi, personne d’autre ne l’aurait fait.
 
Nous ne vivons plus à l’époque de Juglar et nous avons dépassé depuis longtemps le moment où une action résolue des banques centrales aurait pu assainir les finances mondiales. 
 
Je vous l’ai dit dans une précédente lettre, la possibilité d’une glaciation à la soviétique traduisant la mutation de nos économie est en concurrence avec un effondrement du système.
 
Il y aurait bien une 3e voie : celle du Jubilé. La bible mentionne  cette pratique ancestrale d’une remise générale des dettes tous les 50 ans. Une manière de purge automatique. Cela fera l’objet d’une prochaine lettre.
 
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À très bientôt,
 
L’investisseur sans costume

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